Métachronique

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mercredi 22 mai 2013

Crazy in love


The Great Gatsby s’inscrit dans un cinéma sinusoïdal, alternant descentes aux enfers et beautés aériennes. Des voiles dansent au vent, une main pâle s’élève, les fenêtres se ferment et le soufflé retombe.

Pluie de paillettes, remue-ménage sur du Jay-Z, anachronismes délicieux ; cette histoire d’amour impossible n’est que plus atemporelle, universelle, traversée par cette BO où le jazz embrasse le R’n’b, où le hip-hop pénètre un charleston. Ces cœurs battant en rythme sont les mêmes à chaque époque. Ces parties mondaines où l’abondance déguise le vide traversent les décennies. Ces amours impossibles pleureront toujours sur des mélodies mélancoliques.

Belle réussite donc que cette partition, tachée pourtant de fausse notes visuelles : les acteurs mal incrustés se croisent dans des décors factices, dans des jardins de plastique. La réalisation s’embrase jusqu’à brûler les yeux, parfois. Jusqu’à éroder le bon goût en gros plan. L’abus des textes en surimpression sont à l’image de Tobey McGuire : un choix malheureux.

McGuire qui joue l’entremetteur nigaud, l’écrivain refoulé perdu dans une fascination pour le mystérieux Gatsby. Il narre le récit de sa plongée dans le bling-bling via une consultation médicale superflue, alourdissant le film d’une voix off et de ringardise.
En revanche, Luhrmann réveille les deux autres acteurs, qui s’éteignaient dans un jeu trop régulier, sans surprise, nous poussant à la limite de l’agacement. Ici, Di Caprio retrouve enfin son sourire charmeur, perdu sur la route de Scorsese et, libéré de ces rôles amers redondants, il brille à nouveau. Mulligan à son bras, pour une fois, ne ternit pas le tableau. Elle est fraîche et cruelle, triste et riche, si riche.

Succès en demi-teinte pour ce magnifique Gatsby, où l’excès pousserait presque à l’indigestion.


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