Métachronique

Métachronique

jeudi 17 octobre 2013

L’eau à la bouche.


Kechiche s’attarde sur la vie, sur le réel, s’attarde en gros plan sur les peaux salies d’adolescence. Il s’attache à la bouche gloutonne d’Adèle, trempée de larmes, de morve, de fatigue, fouettée d’orangé, barbouillée de tomate, dévorant un Balisto, un cul, ou les lèvres d’Emma (Léa Seydoux). On filme les corps qui se cherchent, qui se frappent, les mains se baladent dans les creux, sur les rondeurs, les langues se délient –en cascade. Les jambes s’attirent et s’entremêlent, tête-bêche, ça ondule au rythme de cris étouffés, ça se lèche sous une pluie de francs gémissements, ça se teste et soupire. La chorégraphie pornographique est belle, pure, elle n’en finit jamais et comme un voyeur excité, on les accompagne jusqu’à l’orgasme. Comme une obsession, le réalisateur revient sans cesse coucher sa caméra sur les lèvres ouvertes d’Adèle, sur son visage d’enfant, son regard un peu vide, sa vulgaire sensualité. La vie d’Adèle s’étend, dure, comme pour ne jamais lâcher ses deux poupées, son héroïne impressionnante et ce bleu hypnotisant, cette couleur chaude frappant au cœur.

Mais Kechiche en donne trop, les scènes s’allongent, s’offrant à une coupe qui ne vient jamais, ouvrant la voie à quelques fausses notes. Le film reste aussi l’histoire banale d’un amour qui donne tout trop vite et cause sa perte, l’histoire un peu grinçante de deux jeunes filles qui se font prendre au jeu du coup de cœur pour ensuite découvrir la réalité. C’est l’histoire trop longue, trop, trop longue de la découverte d’une sexualité.
Dégoulinant.

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